mardi 26 octobre 2010

Chronique de dissection : le criquet

Ce sont parmi les expériences les plus marquantes de l’enseignement ; souvent critiquées ou évoquées comme un traumatisme, les dissections n’en sont pas moins un remarquable exercice d’observation aux nombreuses vertus pédagogiques. Dans ces articles intitulés « chroniques de dissection » je reviendrai sur quelques TP de biologie animale de l’UPPA.


Pièces buccales et anatomie du criquet


Le sujet d’étude : Locusta migratoria
« Elles couvrirent la surface de toute la terre et la terre fut dans l'obscurité; elles dévorèrent toutes les plantes de la terre et tous les fruits des arbres, […] et il ne resta aucune verdure aux arbres ni aux plantes des champs dans tout le pays d'Égypte. »
La Bible, Livre de l'Exode 10, verset 16.

Le criquet migrateur, Locusta migratoria est une espèce d’insecte orthoptère faisant partie de la catégorie des locustes : c'est-à-dire les criquets grégariaptes (aptes à la vie grégaire, en essaim). C’est le cas également du criquet pèlerin ou du criquet nomade. Lorsque la densité de population est relativement faible, le criquet mène une vie solitaire et mange en quantité normale. Mais dans certaines conditions, lorsque la densité de population augmente, du fait de vent convergent, de la répartition des végétaux, ou de la concentration des pontes (80 à 100 œufs tous les 2 mois), les criquets forment un essaim. Sous l’effet de la sérotonine, la morphologie et le comportement du criquet changent alors radicalement : la coloration est plus vive, la prise alimentaire plus importante (chaque criquet mange son propre poids en végétaux chaque jour !), et le comportement est grégaire avec formation d’essaims pouvant dépasser plusieurs milliards d’individus.

Bien sur les conséquences sont désastreuses pour les cultures, l’essaim pouvant parcourir jusqu’à 200km par jour sous l’action des vents. Les criquets grégaires ne sont pas l’une des 10 plaies d’Egypte pour rien !
 
[Le criquet du désert, en phase grégaire à gauche et en phase solitaire à droite]

Les pièces buccales : Attention à la casse !  
La dissection commence par l’arrachage des pièces buccales en bonne et due forme. Petit conseil technique au passage, il convient d’arracher les pièces vraiment à la base là où la cuticule est souple, pour cela il faut glisser les pinces fines par le coté. Les mandibules dures et cassantes à leurs extrémités sont l’étape la plus délicate. Les pièces buccales dirigées vers le bas (disposition orthognathe) sont de type broyeur (caractère ancestral), et de bonne taille permettant le broyage des végétaux. Ces pièces comprenant 6 éléments (1 labre, 2 mandibules, 2 maxilles, 1 labium) vont avoir plusieurs grandes fonctions : amener les végétaux à la bouche, broyer et découper les végétaux, les gouter et les envoyer dans l’œsophage. En voici quelques clichés:




Le tube digestif.
De façon étrange le vocabulaire employé pour décrire le tube digestif des insectes est plus ou moins le même que celui utilisé pour le tube digestif des vertébrés. (Mes étudiants pourront cependant sans doute attester que le vocabulaire des zoologues n’est pas pauvre pour autant !). On parlera donc d’estomac, de gésier, de rectum etc. Et ce bien que les structures et les fonctions soit souvent très différentes.

Ce tube digestif se divise en trois segments : le stomodeum, le mésentéron, et le proctodeum . Le premier segment composé d’un œsophage, d’un jabot et d’un gésier a pour rôle principal de broyer et stocker les aliments ingérés. La limite avec les segments suivants est marquée par des renflements: les caeca gastriques au nombre de 6 (sorte de diverticules permettant d’augmenter la surface d’absorption), puis vient l’estomac qui se prolonge jusqu'au sphincter pylorique, zone d’insertion des tubes de Malpighi (chargée de l’excrétion des déchets azotés). Enfin le dernier segment regroupe un iléon (intestin) court, un colon, et un rectum gonflé qui débouche sur l’anus.

Sources :

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7 comments:

Michel Lecoq a dit…

Le nom latin du criquet pèlerin est Schistocerca gregaria (Forskal) et non Locusta migratoria Linné qui est le criquet migrateur.
A ne pas confondre également avec le criquet nomade Nomadacris septemfasciata Serville.
Le site mélange:
- Criquet pèlerin (criquet du désert): 2 larves (solitaire et grégaire) et dissection
- Criquet migrateur: dessin du haut et photo de la tête et des pièces buccales

Michel Lecoq a dit…

Mais compliments quand même pour votre site à part cette "petite" erreur classique.

YouLab a dit…

Super article! Un basique pour les étudiants en première année de biologie. Je vois que vous citez le Beaumont Cassier, un incontournable!

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Unknown a dit…

Bonjour, excellent votre site. Par contre il y a des erreurs concernant les criquets. Locusta migratoria est le criquet migrateur, en phase solitaire il a des couleurs plus vives qu'en phase grégaire (inverse du Criquet pelerin). Assez étrangement le dessin du haut représente des phases solitaires de Locusta migratoria (vert avec une carène dorsale importante)e, phase gregaire est il est de couleur beige.

Zaki Taibao a dit…

C'est le criquet pèlerin ( Schectocerca gregaria) non pas le Locusta migratoria

Anonyme a dit…

Merci,de ton aide !

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